Qu’est-ce qui fait qu’une organisation est forte ? Six points de vue d’OSC africaines

« Une chose que j’ai apprise de notre discussion, c’est que pour qu’une organisation africaine survive, elle a besoin de savoir faire face si elle n’a rien mais aussi si elle a trop » – Représentant d’une OSC africaine

Durant l’année écoulée, Maliasili Initiatives et Well Grounded ont travaillé ensemble pour tenter de mieux comprendre les principaux enjeux, les défis et les opportunités liés au renforcement des organisations de la société civile (OSC) africaine impliquées dans l’amélioration de la gouvernance des ressources naturelles. Dans le cadre de ce partenariat, nous avons effectué des recherches qui ont porté, entre autres, sur l’interview de 75 OSC africaines, organisations internationales, bailleurs de fonds et experts organisationnels de premier plan (un complément d’information sur ces recherches sera très prochainement disponible).

Mais lundi dernier, pour la première fois, nous avons pu réunir certains de nos partenaires et de nos clients – les OSC africaines elles-mêmes – et leur fournir un espace pour partager leurs témoignages et leurs expériences en matière de développement organisationnel, aussi bien les succès que les échecs. Si les contextes et les problèmes qui règnent là où travaillent ces organisations varient sensiblement, que ce soit au Cameroun, en Tanzanie ou en République centrafricaine, elles ont néanmoins pu identifier des points communs concernant les questions organisationnelles. Ici, nous vous donnons les points saillants de cet échange, en vous faisant partager six opinions sur ce qui, d’après elles, caractérisent des OSC robustes, résilientes et couronnées de succès.

1. Sa vision, ses valeurs et son identité sont essentielles :

 « Si une organisation n’a pas une idée claire de son direction et de sa vision, elle s’écroulera. »

« Pour moi, une organisation qui réussit… est guidée par des valeurs qui, au fil du temps, développent son influence et est capable de changer les choses sur la base de ces valeurs. »

2. Résilience et adaptabilité :

« Du jour au lendemain, nous sommes passés d’une organisation qui avait des voitures et de l’argent, à une qui n’avait rien. Mais nous nous sommes dit : « tant pis, de toute façon, on continue ». » Cette organisation a réussi à continuer en se concentrant sur des projets plus petits et plus concrets, en revenant aux initiatives qui avaient fait d’elle une organisation robuste et pleine d’impact au moment de sa fondation.

Une autre organisation a développé une approche créative qui parvient à assurer le financement des activités de base et à maintenir la motivation du personnel. Elle encourage les membres de son personnel à accepter des missions de consultant à condition qu’ils soient parfaitement transparents quant à leurs engagements, équitables dans leur répartition du temps et capables de gérer leur charge de travail.

3. Forger et entretenir des partenariats, tout en faisant preuve de prudence

« Les partenariats ont vraiment été essentiels pour nous ; ils ont réellement contribué à notre succès – il peut s’agir de partenariats avec d’autres OSC avec lesquelles nous avons étroitement travaillé ou de partenariats avec des organisations plus grosses avec qui nous avons tissé une relation à long terme et qui nous ont aidés à faire des choses que nous n’aurions pas pu faire sans elles, par exemple établir de nouvelles relations de financement ou renforcer nos communications. »

« En tant qu’organisation individuelle, nous ne pouvons pas exister en vase clos. Nous avons besoin d’entretenir des liens avec des tiers – ceux qui nous donnent de l’argent, ceux qui nous donnent des idées ou ceux qui nous apportent un savoir-faire… Mais, il peut arriver que des partenaires proches, auxquels vous faisiez confiance, s’approprient le mérite du travail fait par votre organisation. »

4. Savoir dire « non »

« Savoir dire non, surtout au début, peut se révéler très difficile, mais c’est quelque chose que vous apprenez à faire à mesure que vous grandissez. »

« D’une certaine façon, vous devenez la victime de votre propre succès parce que vous faites du bon travail et cela attire des bailleurs de fonds de haut niveau qui veulent vous donner plus d’argent, mais au départ, vous n’avez par la capacité de gérer ce type de subventions pour ce genre de donateurs. »

« C’est aussi la faculté de choisir votre partenaire, de savoir dire non. »

5. Être ancré dans les communautés et leur rendre comptes

« Une grande partie de notre succès est due au fait que l’organisation est réellement ancrée dans la communauté, le personnel de terrain est originaire des villages où nous travaillons… De ce fait, l’organisation peut se targuer d’une vision et d’une solide identité organisationnelle (et d’une mémoire institutionnelle). »

« Nos membres sont ceux qui décident du direction de l’organisation car ils en sont les bénéficiaires. »

6. Une crise peut se transformer en opportunité

Une crise met à l’épreuve les forces d’une organisation, ses valeurs et sa détermination. Survivre à une crise peut insuffler une nouvelle vie et donner un nouveau direction à une organisation.

« Quand les choses vont de travers, il est temps de réfléchir au changement. Nous avons réalisé que nous n’arrivions pas à faire ce que nous avions espéré et cela s’est soldé par une crise ; nous avons alors décidé que nous devions nous réinventer. »

Merci à nos partenaires et à nos clients qui ont pris part à cet apprentissage entre pairs et qui ont partagé les témoignages et les expériences de leurs organisations :

  • Forêts et Développement Rural (FODER), Cameroun
  • Ujamaa Community Resource Team (UCRT), Tanzanie
  •  Pastoral Women’s Council (PWC), Tanzanie
  •  Cameroon Gender and Environment Watch (CAMGEW), Cameroun
  • Maison de l’Enfant et de la Femme Pygmées (MEFP), République centrafricaine
2022-03-11T13:48:56+00:00mai 19th, 2015|
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