Pourquoi les communautés finissent souvent par perdre leurs terres ou forêts communautaires ou bénéficier moins du profit de l’exploitation des ressources naturelles?

Il y a toujours des conflits autour des droits communautaires dans la gestion des ressources naturelles dus au fait que les compagnies et les communautés sont souvent en concurrence pour l’accès à et le contrôle des ressources naturelles. L’exploitation d’une ressource naturelle non utilisée prive les communautés de l’accès à des espaces et à des ressources sur lesquels ils dépendent pour leur survie et bien-être, et le partage des revenus est presque toujours inexistant ou inéquitable.

En Avril de cette année j’avais participé à une conférence internationale de Gestion des Ressources Naturelles et Droits des Communautés au Cameroun organisée par le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) à Yaoundé.

Je venais pour la première fois d’assister à un débat direct entres les majeures parties historiquement impliquées dans cette problématique au Cameroun. Il y avait un représentant d’une communauté autochtone ; des membres des organisations de la société civile (OSC) qui aident et appuient les communautés autochtones entre autres à faire valoir leurs droits vis-à-vis des exploitants, à être propriétaires des forêts communautaires, leur apprennent à comment dénoncer l’exploitation abusive des forêts communautaires et autres ressources naturelles, etc. ; et il y avait aussi un exploitant des forêts communautaires.

Le représentant de la communauté se plaignait devant l’assemblée en disant que sa communauté a perdu tous les droits sur sa forêt par la compagnie de l’exploitant ; et ce dernier a expliqué que tous les accords ont été passés de commun accord et en aucun cas ils n’ont forcé la communauté sur l’exploitation de leurs terres.

Je me suis posée réellement la question du rôle des OSC dans ce processus et je suis restée curieuse d’entendre leurs réactions par rapport à ça.

Les membres des OSC ont répondu que parfois lorsque le processus d’acquisition d’une forêt par une communauté aboutisse à sa fin, à l’arrivée des exploitants, ils ne sont plus sollicités ni impliqués dans les négociations et la suite de la gestion de la forêt communautaire. Et par la suite ces communautés ne sachant pas bien négocier leurs droits avec les exploitants et souvent se retrouvent dépossédées de leurs terres.

Cela soulève surement la question que tout le monde se pose sur ces conflits liés à l’utilisation de la terre : quels moyens et processus à mettre en place pour que les communautés, les OSC, et les exploitants des ressources naturelles parviennent à trouver un équilibre permettant aux communautés de ne pas perdre leurs terres et de bénéficier équitablement des revenus tirés de ces exploitations ?

Et la question que je n’arrête pas de me poser est de savoir : comment les OSC restent motivées et où puisent-elles le courage de continuer à jouer le rôle de défendeurs des droits communautaires, quand ces communautés ne les impliquent pas dans tout le processus jusqu’au bout ?

Cela est une interpellation pour tous les adeptes de la justice sociale : pour la justice sociale, nous devons tous rester motivés et engagés quels que soient les obstacles et difficultés, ne baissons pas les bras.

2022-03-11T13:48:55+00:00décembre 11th, 2015|
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