Dernièrement, j’ai facilité une session avec des représentants de la société civile de la République du Congo. Je leur ai demandé de réfléchir à leurs propres valeurs et au lien qu’il existe entre ces valeurs personnelles et leur vie professionnelle. Écouter leurs réponses a été une expérience enrichissante et source d’inspiration. A mon tour, je me suis demandé quelle serait ma réponse si quelqu’un me posait la même question.
Pour moi, les valeurs sont intimement liées à ce qui nous définit comme individus : elles façonnent notre perception de nous-même et notre interaction avec les autres et notre environnement. Ainsi, quand on réfléchit à ses valeurs, on peut se demander : quelles sont mes croyances fondamentales, les principes sans lesquels je ne serais pas moi-même ?
Quand on réfléchit à cette question, quelques pensées viennent à l’esprit.
Je pars du principe que les personnes sont des personnes ; ils peuvent être catégorisés de tellement de manières – selon leur genre, race, ethnie, classe économique, nationalité, religion, âge, etc. Et pourtant, en réalité, nous sommes tous la même. On a tous des rêves, espoirs, sentiments, pensées, et les mêmes besoins fondamentaux à satisfaire, où que l’on vive dans le monde. Ceci m’est confirmé et reconfirmé chaque fois que j’ai la chance de rencontrer des gens en dehors de mon propre contexte culturel. Évidemment, les catégories ci-dessus servent souvent à justifier la discrimination dont souffrent certains et les privilèges dont bénéficient d’autres. C’est cette injustice qui sous-tend mon analyse et alimente la passion qui me pousse à activement générer le changement positif dans ma vie personnelle et professionnelle : ma croyance absolue en l’égalité.
Ceci est intimement lié à mon autre valeur fondamentale : avoir le choix. Je considère que tout être humain devrait avoir le droit de faire des choix, et de participer au processus de prise de décision qui affecte sa vie, indépendamment de son apparence, lieu de vie, richesse, niveau scolaire, etc. Et chacun devrait avoir disposition à des informations et du temps nécessaires pour y réfléchir et faire un choix informé. Chacun a le droit de dire « oui » ou « non » ce qui est souvent oublié quand un très grand nombre de personnes tentent de faire passer leurs intérêts et priorités.
Ce qui me fait penser à une autre valeur fondamentale : le respect de la différence. Faire preuve d’ouverture d’esprit pour comprendre le mieux possible les différentes manières de voir et de saisir le monde est essentiel si l’on souhaite pérenniser sa riche diversité. Dans mon travail de praticienne du développement, il est si important que je me rappelle que ma notion de « développement », par exemple, peut varier fortement de celle d’une personne qui vit dans un contexte politique ou culturel différent. Offrir aux individus un espace pour exprimer leurs points de vue, partager leurs expériences, relayer leurs valeurs et expliquer leurs choix fait donc partie intégrante de mon travail.
Ceci sous-tend une autre de mes croyances fondamentales : la voix. Tant de personnes ont le sentiment de ne pas être entendues ou réduites au silence : offrir de les écouter ou un lieu sûr pour s’exprimer et, parfois, de relayer cette information auprès de décisionnaires stratégiques est un rôle clé pour quelqu’un comme moi qui travaille dans le secteur du développement.
Mon travail me permet de passer beaucoup de temps dans des contextes et des cultures très différents du mien ; je me trouve souvent dans des situations où des éléments viennent à l’encontre de mes valeurs fondamentales ou, du moins, les mettent au défi. Quand cela se produit, je fais tout mon possible pour entretenir la curiosité qu’éveille en moi la perception des autres, tout en restant fidèle à mes croyances. Je parviens à faire cela en posant des questions qui peuvent déranger ou, parfois, en déclarant tout simplement que je ne suis pas d’accord et en expliquant pourquoi.
Cela peut être difficile à faire et, pourtant, c’est si important. Je suis convaincue que le véritable changement s’opère en présence d’un dialogue constructif sur les croyances, les attitudes et les pratiques qui forment le tissu social de nos sociétés, et quand ces aspects de notre « culture profonde » se montrent au grand jour pour nous permettre de les explorer, de les débattre et de les refaçonner ensemble.