Cet article est le premier d’une série de deux, consacrés à la situation des peuples autochtones au Cameroun et écrits par une membre d’Okani, l’une de nos organisations clientes.
Au Cameroun, lorsqu’on parle des peuples autochtones des forêts (PAF-CAM), on fait référence à quatre groupes de populations distincts :
- les Baka vivent surtout dans les régions de l’Est et du Sud Cameroun,
- les Bakola et les Bagyéli vivent sur une superficie d’environ 12 000 km carrés dans le Sud du pays, notamment dans les arrondissements d’Akom II, de Bipindi, de Kribi et de Lolodorf,
- enfin, les Bedzang vivent dans la région du Centre, au Nord-Ouest du Mbam dans la région de Ngambè Tikar.
Tous ces groupes ont en commun leur attachement à leurs territoires ancestraux, la forêt qu’ils connaissent par cœur, qu’ils considèrent comme un bien commun et qui représente pour eux la base de leur existence. Les défis que rencontrent les Peuples autochtones des forêts du Cameroun sont nombreux et divers. Nous allons nous attarder sur les défis clefs susceptibles de mettre à mal leur identité culturelle et leur spécificité:
1. L’accès à la terre
La terre pour les populations autochtones (PA) fait référence à la forêt et à tout ce qu’elle représente pour la survie de leur identité culturelle, la valorisation de leurs savoirs et la transmission intergénérationnelle des connaissances traditionnelles liées à la forêt et aux ressources qu’elle contient. L’article 26 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones stipule que « les peuples autochtones ont le droit aux terres, territoires et ressources qu’ils possèdent traditionnellement, ont le droit de les utiliser et de les mettre en valeur, et que les États accordent reconnaissance juridique à ces terres ».
La situation précaire des peuples autochtones a été aggravée par la disparition progressive de la biodiversité forestière du fait de l’avènement des plantations industrielles, d’activités de coupe de bois, d’autres activités extractives et le changement climatique. Les parcs nationaux et les aires protégées, également créés à la suite de la disparition progressive de la biodiversité, ont également engendré la dépossession de leurs terres : les zones protégées créées au cours des dernières décennies coïncident en effet avec les terres traditionnellement occupées par les peuples autochtones. Elles ont été créées sans la participation efficace des peuples autochtones, qui n’ont pas bénéficié de garanties procédurales de base lorsque leur droit de propriété et les droits qui y sont reliés ont été effectivement annulés pas l’État. Ceci est le résultat de la négation continue des droits des peuples autochtones à posséder et contrôler leurs territoires.
2. L’accès à l’éducation, à la citoyenneté et à la santé reste problématique
- Droit à l’éducation et à la citoyenneté
Le droit à l’éducation et à la citoyenneté sont très liés, puisqu’un acte de naissance est nécessaire pour l’inscription d’un enfant à l’école publique, alors que les familles autochtones subissent également des difficultés considérables dans l’obtention même de ce document. L’accès aux services publics en général, y compris l’enregistrement des naissances et l’éducation, est très difficile pour les familles autochtones en raison du coût des procédures administratives et de la distance entre les centres de services publics et les villages autochtones.
- L’accès à la santé
L’accès à la santé est toujours difficile pour les populations autochtones. Cela est dû à plusieurs facteurs, incluant le manque de moyens financiers, l’éloignement des villages des centres de santé et aussi la peur d’être discriminé et insulté quand ils se rendent dans les centres de santé intégrés de leur zone d’habitation.
3. L’accès à l’eau potable et à l’assainissement
Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau est le sixième objectif du développement durable.
Les PA souffrent des difficultés d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. C’est une des principales raisons expliquant la plus grande prévalence de certaines maladies dans leurs communautés.
4. L’autonomie alimentaire est encore un défi
Éradiquer la faim est le deuxième objectif du développement durable. Plusieurs communautés autochtones souffrent encore de faim au Cameroun. Les enfants autochtones payent parfois le prix fort pour cette situation et dans le pire des cas meurent de malnutrition.
Dans le prochain article, nous présenterons les actions mises en œuvre par Okani pour remédier à ces problèmes.