Les différents acteurs qui travaillent pour assurer la gestion durable des forêts communautaires en République Démocratique du Congo (RDC) ont décidé de placer les communautés locales au cœur de leur action.
Depuis 2015, des acteurs nationaux et internationaux travaillent aux côtés du gouvernement de la RDC pour mettre en place une stratégie qui assurera que les communautés forestières bénéficient de la gestion et de l’usage de leurs forêts. Ceci a été en partie motivé par la publication de la loi forestière n° 011/2002 du 29 Août 2002.
Le développement de la stratégie a bénéficié de la contribution d’OSC congolaises, de représentants communautaires, du gouvernement et d’ONG internationales, notamment Rainforest Foundation Royaume-Uni (RFUK) et Rainforest Foundation Norvège (RFN). Ce type de collaboration est exemplaire, car rare dans le secteur du développement.
Cette stratégie a pour but d’assurer aux communautés locales un rôle majeur dans la gestion durable et équitable des forêts pour améliorer leurs conditions de vie, en particulier pour les populations autochtones, ceci dans le but d’éliminer la pauvreté, très redoutée.
D’après M. Théophile Gata, directeur exécutif du Centre D’Appui à la Gestion Durable des Forêts Tropicales (CAGDFT), « ce processus [de foresterie communautaire] cherche à assurer la contribution des communautés locales dans la gestion de leurs forêts, et qu’ils en récoltent des bénéfices durables »
- Gata a insisté sur le besoin pour la société civile, le gouvernement et les Organisations Non Gouvernementales Internationales (ONGI) de travailler de façon rapprochée avec les communautés locales pour les encourager à diriger le processus de gestion communautaire de la forêt dans le pays. Il a fait cet appel durant la troisième conférence multi-acteurs sur la communauté forestière en RDC, qui a eu lieu à Kinshasa le 15 et 16 février 2017. J’ai participé à cette conférence pour représenter Well Grounded.
Cette troisième table ronde, d’une série de quatre, avait pour but de consolider la stratégie nationale sur la communauté forestière. Plus de quatre-vingts personnes y ont participé. Elle a servi de plateforme pour l’échange de connaissances entre des acteurs variés, qui cherchent à accroitre et garantir l’implication des populations autochtones dans la gestion de leurs forêts.
Les participants ont défini plusieurs actions stratégiques qui permettront l’obtention des objectifs de cette stratégie :
- l’identification de sites géographiques spécifiques pour mettre en place la phase pilote pendant les cinq prochaines années ;
- le renforcement de capacités des acteurs au niveau national, provincial et local en prenant en compte leurs besoins contextuels pour assurer leur participation effective au processus de foresterie communautaire ;
- la poursuite des objectifs stratégiques suivants :
- s’assurer que la gestion communautaire des forêts facilite l’usage effectif de concessions,
- contribuer à la réduction de la pauvreté, à la paix et à la cohésion sociale dans les zones rurales et développer des mécanismes pour la répartition homogène des revenus de l’exploitation des forêts communautaires,
- garantir la protection légale des concessions pour que les communautés locales puissent promouvoir la valorisation des ressources forestières,
- développer une expertise chez les communautés locales pour assurer la gestion effective des ressources forestières.
Les participants à la table ronde ont affirmé que si ces objectifs sont atteints, la possibilité des communautés autochtones de bénéficier des ressources forestières augmentera.
« En tant que personne autochtone, si nous pouvons atteindre ces objectifs, la gestion des forêts sera notre responsabilité. Toutes les parties prenantes collaboreront dans cette gestion, et nous bénéficierons des ressources forestières », a déclaré Régine Mboyo Loloko, coordinatrice de « Solidarité pour la Promotion des Femmes Autochtones », une organisation basée dans la province de l’Equateur.
Une telle stratégie est la bienvenue. La question clé est de savoir comment elle sera appliquée de façon inclusive en donnant aux communautés locales la place qui lui revient.
NB:
Les participants à la table ronde incluaient des acteurs de la société civile nationale, les ministres du Développement urbain, de l’agriculture et de l’environnement et du Développement durable, des ONG internationales telles que Well Grounded, Rainforest Foundation Norvège and Rainforest Foundation Royaume Uni, qui soutiennent le processus de foresterie communautaire en RDC avec le soutien du Département du Royaume Uni pour le Développement International (DFID).
La table ronde était organisée par le projet Forêts communautaires en RDC. Ce projet est géré par un consortium et financé par le DfID. Il rassemble plusieurs organisations de la société civile internationales et congolaises dans le but de réduire la pauvreté, d’améliorer les moyens de subsistance en zone rurale et de réduire la déforestation dans le bassin du Congo.