Ils étaient près de 25 participants à l’atelier de trois jours organisé à Yaoundé : associations de PME, organisations de la société civile et groupements de Forêts Communautaires se sont rencontrés et ont échangé à propos de leurs expériences des Accords de Partenariat Volontaire (APV).
En 2010, le Cameroun a signé un Accord de Partenariat Volontaire (APV) avec l’Union Européenne pour développer une filière bois légale et améliorer la gouvernance forestière. Les grandes entreprises exportatrices ont rapidement saisi les opportunités offertes par l’APV. La société civile a joué un rôle important dans la négociation et la mise en œuvre de l’accord et essaie de plaider pour l’intérêt général, en particulier celui des communautés autochtones et riveraines des forêts. Cependant, les petites entreprises sont peu représentées dans le processus et le marché local du bois légal est peu développé.
Avec son nouveau projet financé par DFID, « Appui au renforcement de la participation des principales parties prenantes aux processus d’APV dans le bassin du Congo », Well Grounded souhaite renforcer les acteurs économiques et sociaux du Cameroun (OSC, PME, artisans, Forêts Communautaires) afin qu’ils soient mieux représentés dans la prise de décision au sein de l’APV et des autres processus axés sur la gouvernance forestière.
Dans cet objectif, il est nécessaire que les différentes parties se connaissent mieux, discutent ensemble des enjeux et des opportunités car c’est l’effort de tous qui va faire en sorte que cet APV puisse être un outil pour plus de développement économique local et de justice sociale et environnementale.
Les organisations suivantes participaient à l’atelier :
- OSC : SAILD, Green Development Advocates, Action for Sustainable Development, FODER
- ONG internationale : Rainforest Alliance
- Associations de PME : Focabois, Groupement Interprofessionnel des Artisans, Cercle des Transformateurs de Bois de Douala, ANEFNTB, SOFEN (entreprise)
- Regroupements de Forêts Communautaires : REGEFOC, FUGIRFOC/HAUT-NYONG, Regroupement des Forêts Communautaires du DJA
L’atelier a débuté par la possibilité pour tous les participants de clarifier et d’harmoniser leurs connaissances sur l’APV en facilitant un échange de points de vue. Une présentation de Rainforest Alliance a également permis d’analyser plus en profondeur les résultats de ces accords au Cameroun, qui ont permis la création des Forêts Communautaires.
La foresterie communautaire est une situation dans laquelle les communautés assument le rôle et les pouvoirs de concessionnaire forestier. Les forêts communautaires ont pour objectif de permettre aux communautés locales et populations autochtones d’avoir le contrôle sur une forêt afin d’en garantir la gestion durable, la rentabilité économique et la préservation de la biodiversité pour les générations futures.
Les participants ont également réalisé un travail de groupe sur quatre thématiques afin d’amorcer des pistes d’actions concrètes:
- dénonciation des illégalités,
- approvisionnement légal en bois,
- les forêts communautaires de conservation,
- l’accompagnement des Forêts Communautaires dans la légalité et la traçabilité du bois.
Les participants ont ensuite pu étudier les possibilités de monter des projets communs et des pistes très intéressantes ont été dégagées ; pistes qui pourront être soutenues par Well Grounded dans un futur proche.
Exemples d’apprentissages :
- Un partenariat entre ONG et autres acteurs tels les OSC, les Forêts communautaires, et les Transformateurs est possible.
- Un autre usage des forêts communautaires est possible : les forêts communautaires de conservation
Les forêts communautaires ont initialement été créées dans le but d’exploiter le bois et ses produits dérivés. Cependant, il pourrait exister une alternative à l’exploitation, dans le but de préserver les forêts, avec d’autres types d’activités : recherche, séances pédagogiques, jardins communautaires, tourisme responsable, etc.
- Certains acteurs directement concernés par l’APV ne connaissaient pas bien ses mécanismes avant l’atelier ; celui-ci leur a permis de mieux comprendre la situation de chaque acteur et les défis spécifiques qu’il rencontre.
- Les enjeux de justice sociale et environnementale de l’APV ont également été clarifiés.
En conclusion, ce temps partagé a permis non seulement aux différents acteurs évoluant sur le terrain et impactés par l’APV de mieux se connaître et se comprendre, mais également d’envisager des collaborations concrètes, rares à ce jour entre les différents types d’acteurs concernés (exploitants forestiers, OSC, gestionnaires de forêts communautaires).
Nous nous réjouissons de cette importante avancée dans la collaboration multi-acteurs au Cameroun et suivrons avec attention le développement des projets communs, afin d’y apporter notre soutien si nécessaire !